Anti-Zoufle

Résumé

Pièce en 6 tableaux qui se veut un reflet décapant de la société, un reflet malheureusement encore actuel de nos jours.  6 tableaux qui dénoncent notre société actuel qui parlent des jeunes de la rue et des jeunes en centre d’accueil;  d’homophobie et de l’acceptation de son homosexualité; de folie; de relation mère et fille et finalement de nos personnes âgés dont on oublie trop souvent de s’occuper.

Production

Lisa, Navrée, La fille potentielle, La garde Josée Beauchemin
Pierre, L’homme #1 Erik Beauchesne
La garde de Lisa, La mère, Patricia Patricia Bergeron
L’homme #3 Sylvain Blouin
Béatus, le Vieillard Bernard Dagenais
L’homme #2 Jean-François Daignault
Durance Benoit Godin
Le père de Pierre, Yves David Leblanc
La fille, Julie Marie-Josée Loiselle

Comédiens

Textes Josée Beauchemin, Patricia Bergeron, Bernard Dagenais, Jean- François Daignault
Mise en scène Paul François Asselin
Conception et Éclairages Philippe Ferland
Montage des éclairages Philippe Ferland
Conception Musicale Jean-François Daignault et Jean Wiedrick
Décors Erik Beauchesne
Conception de l’affiche Paul François Asselin

Mot de l’auteur

J’ai composé ces textes en tenant compte du contexte des jeunes de la rue ou des jeunes vivant dans des milieux difficiles.  A l’époque je n’étais pas encore très familier avec le sujet.  Ce sont des textes crus, très noirs.  Ces jeunes sont souvent rejetés ou ne savent pas ce qui leur arrive.  Aujourd’hui je me relis avec les connaissances que j’ai acquises, et je trouve, malheureusement, ces textes, encore beaucoup trop d’actualité.

Extrait

Garde :  Bon.  Pour vous aider, je vais lire un texte de Christian Beaulieu.  Je cite :  Pour avancer en amour, les pardons sont nécessaires, voire essentiels.  Autrement, la vie ne passe pas.  Elle est bloquée, arrêtée.  Votre père a peut-être manqué envers vous.  Mais quand le délierez-vous pour qu’il vive en abondance ?  Que de parents sur leur lit de mort, s’en iront de cette vie sans savoir si leurs enfants les ont compris et leu ont pardonnés.  Certains enfants ont été si blessés, qu’ils ont été obligés de se couper de leur passé trop douloureux.  Ils n’ont plus de mémoire.  (Silence, puis…)  C’est pour ça que vous êtes ici, pour assumer votre futur mais sans oublier les marques du passé.

 

(Un garçon de quatorze ans se lève et tout en pleurant parle au groupe)

 

Pierre :  Moi j’ai passé mon enfance à voler des vieux schnoques pis des vieilles gribitchs, pis des criss d’étudiants.  Pour prouver à mon père que j’étais quelqu’un.  L’écoeurant !  Y m’a mis dans un home pour délinquant comme icitte pour m’séparer d’ma mère.  Y disait qu’j’étais bon à rien.  Ça rien changé, j’me sauvais autant des homes que des familles d’accueil, y ont pas réussi à m’garder nulle part.  Pis ç’pas icitte !  (Silence)  En tout cas !  J’ai passé mon enfance à essayer d’faire mes preuves.  J’ai tout essayé, j’ai tout fait.  L’enfant d’chienne !  Y avait pas l’droit d’faire ça.  Y chassait, y chassait sacrament.  Ben un jour j’ai mis une boule à sortie du canon d’la carabine.  Ç ‘tait innofensif !  Y m’avait déjà menacé qu’j’en aurais une dans l’cul si j’ma fermais pas, ben moé j’voulais pas sacrament, j’voulais pas qui m’tire, ça fait qu’j’ai mis une boule.  Une boule dans son ciboire de machin pour pus qui m’achalle.  J’savais pas, j’savais pas qui s’rait pour aller à chasse avec (Silence, il crie)  Pis ma mère était pas là…

 

Laurent :  Patricide :  Meurtre du père ou de la mère.

 

Julie :  Homicide involontaire :  Action de tuer un être humain, par imprudence.

 

La garde :  Pas besoin de t’cacher Pierre, on est tous pareil ici.  On a tous des problèmes.  Tu peux nous en parler, on va tous y passer de toute façon.

 

Pierre :  Toi aussi j’suppose ?

  

Le Souffle du silence 2e partie

 

(Les lumières s’allument sur une petite fille, assise derrière un bicycle.  Celui-ci est à l’envers, elle fait tourner la roue avant, son regard perdu dans le ciel.  Elle fredonne une comptine tout en étant dans la lune)

 

 

Lisa :  Tourne, tourne la vie si jolie; comme les rayons de ma roue.  Tourne, tourne la vie si jolie; tout près de mon cœur chéri.  (Elle arrête de fredonner puis, silence complet.  Elle semble réfléchir puis se met à parler)  Mes parents m’appelle Mijaurée.  Mijaurée :  Jeune fille au manières affectées, prétentieuses et ridicules.  Mijaurée Lacaille.  C’est la garde qui m’a dit ça, pis elle m’a dit de bien l’retenir.  (Silence, puis)  Mais à la maison d’accueil y disent que j’m’appelle Lisa, y disent que c’marqué sus mon batiss’ terre, Lisa c’t’un beau nom !  A maison d’accueil y ont dit qu’mes parents m’aimaient pas.  Y m’ont dit aussi qu’j’ai fait des… fu…fu…fugues.  Les institu… les institutri… trices y disent que j’pas sociables pis qu’y vont m’envoyer dans une maison de ré… de re… d’correction si j’lâche pas ma roue.  (silence)  J’ai une amie, a s’appelle Ludmila, est danseuse comme moman.  C’est elle qui est couchée à côté d’moi, les institu…trices y a voient pas, mais moi j’sais qu’est là pis qu’à m’écoute.  A m’a jamais parlé, je l’ai nommé Ludmila comme l’idole de ma mère.  Dedans sa chambre y avait plein d’posters… Dans ma chambre aussi.  C’tait comme un jardin, pleins d’fleurs roses, bleues, mauves, vertes, pis des posters d’Madonna comme toutes les p’tites filles.  C’est p’t’être de ça qu’Ludmila vient aussi.  D’mes posters pis d’mes fleurs.  Ça sentait bon dans ma chambre.  J’avais pas l’droit d’inviter mes amies d’la maternelle pis j’pouvais jamais aller chez eux.  Monsieur mon père y disait qu’j’étais pas assez sociable pour les voir.  J’jouais avec mes poupées pis avec Ludmila.  Y disait qu’étais folle pour parler tut-seul.  Ludmila à l’avait peur de monsieur mon père c’est pour ça qu’y a voyait pas.  Est comme moi… est pas ben ben sociable.  Ma mère pis moi c’tait dans ma chambre qu’on s’cachait d’monsieur mon père quand y était fâché.  Dans ma chambre y avait aussi des beaux paysages.  Des soleils couchants tellement rouges pis des champs verts à pus finir.  J’aimais ça, ça m’faisais rêver.  J’sortais pas souvent…juste pour aller à l’école (Elle hésite, puis)  mais monsieur mon père les a déchirés la dernière fois qu’y sont… la dernière fois qu’lui… que… (silence)  Ma  moman’ tait pas souvent à maison pis monsieur mon père en profitait.  A maison d’accueil y m’ont dit que c’est pas parc’que moman m’aimait pas qu’à partait mais pour faire des tournées.  J’savais pas c’qui disait, pis moi j’pleurais, j’disais qu’à pouvait tourner avec moi dans l’salon quand monsieur mon père s’rait pas là pour y donner des claques…