Le ring de la société

Mot de l’auteur

On a tous des blessures à panser dans notre vie.  Un auteur se sert souvent de l’écriture comme exhutoire, ça fait du bien.  C’était une blessure d’amour et d’amitié, une blessure provenant du manque de communication.  A l’ère du Ipod, du téléphone intelligents et autres gadgets, malheureusement le problème est plus que jamais d’actualitié.

Extrait

Laurent :   J’ai manqué l’avion!  (Il ferme son journal)  J’peux écrire c’que j’veux.  Après tout’ c’est juste un journal.  J’ai eu l’goût d’r’partir à neuf.  Le début d’une nouvelle vie.  J’ai fermé mon vieux journal pis j’en ai acheté un neuf.  C’est dans celui-là que j’écris en ce moment.  Là devant, c’est mon vieux journal.  Celui des expériences bonnes ou mauvaises.  Je l’ai ouvert au trois quart.  Ça représente deux ans de ma vie pis l’autre quart représente deux mois de prise de conscience.  En voyant l’journal ouvert à cette page là, je me souviens que je voulais faire comme ma meilleure amie Roxane, partir.  Je me suis toujours dit, jusqu’à aujourd’hui, à quoi ça sert de rester sur une terre instable quand tu peux t’envoler.  Roxane elle, pensait que c’était aussi facile que ça.  Moi j’y crois pu vraiment.  C’est même à cet endroit que je venais y écrire.  Je sais que mon écriture aura puiser et puisera longtemps la source en son nom.  Vous savez, on peut souvent prendre les mots d’une chanson, d’un poème, se les approprier en n’en cachant la véritable signification.  Elle, on peut pas dire qu’elle aime ça écrire.  Ça fait un mois et demi qu’est partie pis j’ai eu une lettre.  J’ai compris ben des affaires depuis son départ.

 

Philippe :  Comment ça va tout l’monde ?

 

TOUS :  Bien!

 

Lucie :  Une p’tite bière pour avoir du fun!

 

TOUS :  J’dirais pas non!

 

Sophie :  Combien d’personne vienne à soir ?

 

Lucie :  Une vingtaine!

 

TOUS :  Pas pire!

 

Lucie :  Vous savez c’que c’est!  Y disent qu’y viennent…

 

TOUS :  Pis y changent d’idées!

 

Philippe :  Ben oui!

 

Roxane :  Savez-vous si Laurent va v’nir ?

 

Lucie :  Y est supposé

 

Sophie :  Pis Richard ?

 

Philippe :  Lui aussi!

 

TOUS :  L’party va pogner!

 

Sophie :  Laurent devrait pas tarder!

 

Lucie :  A moins qu’sa mère l’aye empêcher d’sortir.

 

Philippe :  Ou qu’y soye encore devant son écran d’ordinateur!

 

TOUS :  Y est pas ben ben sorteux!

 

Roxane :  Mais y est ben l’fun pareil!

 

Lucie :  Laurent c’t’un nerd!

 

Les deux filles :  Y pognent pas avec les filles!

 

Philippe :  Vous voulez dire qu’y sait pas quoi faire!

 

Sophie :  Y est trop romantique!

 

Les trois filles :  C’t’un ben bon gars, même à ça.

 

Lucie :  Des fois, j’trouve qu’y a pas rapport! 

 

Philippe :  Moi, j’me poserais des questions si j’étais vous autres!

 

Roxane :  T’es pas correct!

 

TOUS (sauf Roxane et Philippe) :  Y a l’droit d’supposé!

 

Lucie :  Y est jamais sorti avec une fille de sa vie.

 

Philippe :  Même si y fait d’l’œil à Roxane!

 

TOUS (sauf Roxane) :  Y l’aime sa Roxane!

 

Laurent :  Je sais pas quoi leur dire

 

Tous (sauf Roxane)   :  Sa belle p’tite Roxane!

 

Laurent :  J’m’en vas d’ici!

 

Roxane :  Arrêtez donc!  Y peut pas m’aimer.

 

Laurent :  J’ai rien dit.  Mon esprit m’a dit de ne rien dire mais dans mon fort intérieur je sens comme une boule de feu qui commence à grandir.  Y faut que j’écrive ça.

 

Laurent 1, conscience romantique apparaît et forme une ligne droite avec lui

 

Laurent  et Laurent 1 :  Je ne peux pas croire qu’ils ont parlé de moi comme ça.

 

Laurent :  Parfois, je vois un chemin sinueux qui longe un lac.  Sur le chemin il y avait un jeune homme.  Il se promenait serein avec un livre à la main.  Il le serrait contre son cœur.  Chaque page de ce livre représentait le souvenir d’un ou d’une amie du présent.  Ils ont joué les innocents!  Pourtant je les accepte encore comme des amis.  Là je suis dans mon coin, ils ne le savent pas.  Pis c’est parfait comme ça!

 

Laurent 1 :  A tous les jours, le jeune homme venait se reposer sur la berge.  Il s’approchait du bord de l’eau, s’y miroitait.  Il y voyait toujours un visage épanoui.  Il n’avait guère d’expérience ni de souffrance.  Le soleil éblouissait son innocence.

 

Laurent :  Je leur ai tout dis sans prendre conscience que je me dévoilais trop.  A soir ça m’a fait mal.

 

Laurent 1 :  Puis un jour qu’il s’offrit à la pluie, le vent fit virevolter ses souvenirs aux larges, ne gardant que les plus solides pages.  Le jeune homme devint maussade, le destin avait fait son ménage.

 

Laurent :  Ce soir, tous mes espoirs fondés se sont estompés.  Y faut que j’laisse le temps passé, cicatrisant les blessures.

 

Laurent 1 :  Les années passèrent sans qu’il revienne près du lac immobile.  Une jeune femme y fera son apparition, prendra sa place.  Son livre sera aussi vide que le sien.

 

Laurent :  Roxane aussi a été blessée.  Demain matin, elle partira au loin, sans jamais réellement saisir.

 

Laurent 1 :  Dès qu’elle s’y miroitera, derrière son image elle verra la sienne et comprendra…

 

Roxane :  J’pars demain.  Je l’sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’Laurent comprendra pas. Si c’tait vrai qu’y m’aimait ?  Non!  Ça s’peut pas.  Laurent c’t’un bon ami c’est tout’  Mais si c’tait vrai quand même, on sait jamais!  Laisse faire ça Roxane!  Ça fait tellement longtemps qu’on s’connait que c’est devenu naturel comme relation.  J’ai pas à faire d’effort pour y parler, on a pas d’limites.  Ça toujours été comme ça.  J’en ai d’autres bons amis à qui j’confierais même pas c’que j’y confie à lui.  J’vas y dire ce soir, j’y ai donné rendez-vous à minuit, y devrait pas tarder.  Ç’pas un couche tard mais parfois y fait des exceptions.  J’pense que j’vas y faire d’la peine mais c’te voyage là y faut que je l’fasse pour moi.  J’pars demain.  J’ai hâte parc’que c’est mon rêve de partir.  Y a pas grand-chose qu’y m’tient icitte, à part, mes vrais amis.  Laurent y dit qu’y voudrait partir mais j’pense que c’est juste parcqu’y a peur pour moi, dans l’fond y a pas d’autres raisons.  Moi j’veux faire le voyage parc’que c’est l’temps pour moi de prendre mon bagage qui d’expérimenter.  J’veux m’ouvrir au monde.  En fait, je l’sais pas.  C’est peut-être juste pour oublier mes problèmes, la maudite gang qui parle toujours dans not’ dos, pis dans ma faculté c’pareil.  J’pars demain pis c’est comme si je l’Mréalisais pas, y a tellement d’choses à découvrir… Pis si c’tait vrai qui m’aimait… Tiens le v’là…

 

Roxane :  Laurent !

 

Laurent :  Rox!

 

Roxane :  Comment ça va ?

 

Laurent :  Pas pire panthoute!

 

Roxane :  Alright! Men!  T’es pas v’nu au party ?

 

Laurent :  Ça me tentais pas!

 

Roxane :  C’tait l’fun.  Y aurait aimé ça t’voir, j’sus sûr.

 

Laurent :  C’est sûr!

 

Roxane :  Qu’est-c’qui  s’passe de bon ?

 

Laurent :  Tu l’sais j’t’un gars ben occupé.

 

Roxane :  La vedette, toi chose.

 

Laurent :  J’ai plein d’projets en tête.

 

Roxane :  Cool!

 

Laurent :  Toi ?

 

Roxane :  Moi, pas grand-chose.

 

Laurent :  Tu voulais pas m’parler ?

 

Roxane :  Ouais!  C’est vrai!

 

Laurent :  Aye!  Tu l’sais que j’pas un couche tard.  T’as réussi à m’faire déplacer à c’t’heure là, j’espère que c’est pas juste pour me dire :  Ouais!  C’est vrai!

 

Roxane :  Ben j’pars demain!

 

Laurent :  J’suis content pour toi!

 

Roxane :  Pour deux mois.

 

Laurent :  Deux mois!

 

Roxane :  J’ai besoin d’temps Laurent.

 

Laurent :  Deux mois!  C’est beaucoup!

 

Roxane :  Non!  Tu l’sais pourquoi j’pars!

 

Laurent :  Pour oublier tes problèmes!

 

Roxane :  T’es pas gentil!

 

Laurent :  C’est correct!  J’te comprends.  Moi aussi j’veux oublier les miens.  Surtout après ce soir.

 

Roxane :  Qu’est-c’qu’y a eu ce soir ?

 

Laurent :  Bien!  J’étais là quand y ont parlé dans mon dos.

 

Roxane :  Pis t’as rien fait!  T’es pas rentré ?

 

Laurent :  J’savais pas quoi leur dire.

 

Roxane :  Franchement  Laurent!  Y va falloir que t’apprennes à dire c’que tu penses.  J’s’rai pas toujours là pour faire l’avocat du diable.

 

Laurent :  Ben oui! Change pas l’sujet.  C’est toi qui pars après tout’.

 

Roxane :  Je l’sais Laurent!  Peut-être que c’est vrai que j’pars pour me changer les idées.  Pis!  Qu’est-ce que ça fais ?  Si moi j’ai besoin de t’ça.  Si moi j’veux partir parc’qu’ y a pu rien qu’y m’retiens icitte!  Si  moi je l’veux parc’ que même la gang pis ma faculté m’écoeurent.

 

Laurent :   Pourquoi  tu veux pas partir avec moi ?  Pourquoi tu veux pas m’attendre ?

 

Roxane :   Toi partir Laurent ?  T’es ben trop stable, t’aime ben trop ta p’tite chambre, ta belle réalité sécurisante.

 

Laurent :  Sans farce!  J’aurais aimé ça.

 

Roxane :  Je l’sais!  Mais moi j’ai besoin de faire le vide autour de moi, de voir le monde, de connaître une autre culture.

 

Laurent :  On aurait pu aller à Gaspé!  Y on un accent différent.

 

Roxane :  T’as toujours le don de m’faire rire, hein  Laurent Albert!

 

Laurent :  Tu l’sais j’ai pas changé.  Y faut qu’j’y aille, j’sus fatigué.

 

Roxane :  O.k.  Tu m’en veux pas!

 

Laurent :  Bien, j’te dirai ça quand tu vas rev’nir.  Essaye de m’écrire, même si j’sais que t’es pas forte pour ça, bye!

 

Roxane :  Bye!

 

Roxane :  J’sus prête.  Le taxi s’en vient.  J’espère que Laurent f’ra pas d’bêtise, que tout va bien s’passer.

 

Laurent :  Elle doit être partie à l’heure qu’il est.  J’ai même pas pu y dire ce que j’ressentais.  Est partie parcqu’elle aussi  elle s’est rendue compte qu’on riait dans son dos.

 

Laurent et Laurent 1 :  Malgré toute la froideur que masque sa carapace d’argile, elle semble douce et fragile.

 

Laurent :  Pourtant je l’ai toujours su…

 

Laurent 1 :  L’amour et l’amitié peuvent parfois se croiser.

 

Laurent :  Roxane et moi on se connaît depuis des lunes.

 

Laurent 1 :  Elle ne sait point que le sentiment que je porte pourrait devenir beaucoup plus que de l’amitié.

 

Laurent :  On a eu beaucoup de raté chacun de notre côté.

 

Laurent 1 : L’amour secret en garde toute sa beauté.  Le mystère ne se dévoile qu’en volupté.

 

Laurent : Roxane pour moi est comme une fleur qui commence à s’épanouir…

 

Laurent 1 :  Dans une posada au centre de la ville à l’intérieur de ma chambre je me repose…

 

Laurent :  Plus précisément d’Espagne…

 

Laurent 1 :  J’aperçois une bella Malcasada, voilée, mystérieuse qui m’éveille…

 

Laurent :  Elle est tellement belle…

 

Laurent 1 :  Elle est belle et loin comme dans une coquille de verre.  Trop loin pour moi cavalier débonnaire…

 

Laurent :  Je la sens près de moi…  J’ai pas pu la prendre.  Je suis trop rêveur pis à force de toujours m’imaginer des chimères,  je vais toujours vivre la même chose.  Je ne sais pas pourquoi, soudain je ressens de l’amertume.

 

Laurent 2 :  J’ai ben de la misère avec les relations hommes-femmes.  Tout l’monde fait semblant d’aimer une fois ou plusieurs fois dans sa vie.  Au début on change de blonde comme on change de chemises…

 

Laurent 1 :  La réalité est un tourment de trop, la torpeur  est souvent de mise.  Il est préférable de tout rendre beau.

 

Laurent 2 :  On dirait que j’arrive au bon moment.

 

Laurent 1 :  Pour moi l’amour est tellement charmant!

 

Laurent 2 :  Ça fait tellement mal, mais on peut pas y résister.

 

Laurent 1 :  La naïveté est la lumière de mes tourments.

 

Laurent 2 :  Être en amour avec l’amour ça c’est sa spécialité.  J’veux l’changer!

 

Laurent 1 :  Rêver d’une femme à votre bras lors de cérémonies mondaines.

 

Laurent 2 :  Je déteste l’hypocrisie.

 

Laurent 1 :  Elles étaient mignonnes et m’offraient leurs sourires moqueurs à l’été, étaient dans mes pensées à l’hiver.

 

Laurent 2 :  Elles riaient d’lui

 

Laurent 1 :  Elles disaient souvent l’enthousiasme qui les envahissaient à la veille de nos retrouvailles.

 

Laurent 2 :  Après tout’ t’es son côté naïf!

 

Laurent 1 :  Leur importance à mes yeux était tel que je n’avais pas les mots pour le dire.  Je leur offrais un câlin et quelques fleurs.

 

Laurent 2 :  T’es innocent, une chance que je suis là pour te réveiller maintenant.

 

Laurent  1 :  Elles n’ont eu d’autres réponse que la surprise, l’émotion.

 

Laurent  et Laurent 1 :  Elles m’ont répondu…

 

Le CHŒUR DE FILLES :  Tu vas voir, je suis comme un petit cadeau, plein d’surprises!

 

Laurent 2 :  Pis l’cadeau t’as sauté en pleine face!

 

Laurent  et Laurent 1 :  Ça fait mal en d’dans!

 

Laurent 2 :  Pis c’est là que je me suis développé.

 

Laurent :  J’sus prêt à partir.  Mais je sais pas pour quelles raisons!